LE CONSERVATOIRE D’ART DRAMATIQUE D’ALGER

Le Conservatoire d’Art dramatique d’Alger, jusqu’à l’indépendance de l’Algérie en 1962, est situé dans le bâtiment de l’Ancienne Mairie d’Alger 3, Boulevard de la République, à quelques pas de la place du Gouvernement.
Les locaux sont situés sur les deux derniers étages du bâtiment, au 2ème et au 3ème.
Au 2ème étage : les classes de musique, de chant et
de l’Administration.
Au 3ème étage : les classes de danse et d’art
dramatique.
Les deux salles de classe d’art dramatique sont spacieuses et lumineuses. Elles sont équipées d’une estrade tenant lieu de scène.
Trois professeurs d’art dramatique ont marqué les trente dernières années de la présence française jusqu’en 1962 : Paule Granier, Reine Marodon, Géo Wallery.
Trois professeurs, et trois styles bien sûr :
Madame Granier, comédienne elle-même dans la troupe de la radio, pratique un enseignement tout en douceur, en finesse. Le travail du corps, la mise en scène lui importent moins que la beauté d’une belle phrase bien dite.
Reine Marodon est classique au sens que cela suppose au théâtre : respect rigoureux du texte, science de la versification, tenue du corps – son enseignement lui vaut d’être appréciée par les Professeurs du Conservatoire de Paris qui ménagent un bon accueil aux élèves qu’elle leur adresse.
Géo Wallery (de son vrai nom Georges Stora) joue également dans la troupe radiophonique. Il y excelle dans Harpagon, Schylock du Marchand de Venise ou Volpone.
La direction d’acteurs l’intéresse, et il entraîne parfois sur scène ses camarades de la troupe Radio. Lors d’une tournée en Algérie il joue aux côtés du jeune Albert Camus dans la pièce Gringoire de Théodore de Banville.
Chacun des trois professeurs doit, à tour de rôle, une fois tous les trois ans donc monter une pièce avec la participation des classes d’art dramatique, de chant, et d’orchestre. L’orchestre étant sous la direction du directeur du Conservatoire : Gontran Dessagnes, sévère et redouté.
C’est ainsi que durant les années 50-60 sont montées :
Le verre d’eau de Eugène Scribe, mise en scène Géo Wallery, 1951.
Mantilles et mystères de Calderon de la Barca mise en scène Reine Marodon,1958.
L’Arlésienne de Daudet, musique de Georges Bizet, mise en scène Paule Granier, 1958.
Le chandelier d’Alfred de Musset, mise en scène Reine Marodon, 1961.
Mozartde Sacha Guitry musique de Reynaldo Hahn, mise en scène Géo Wallery, 1952. Les deux interprètes principales feront une carrière internationale : Andrée Esposito, cantatrice à l’Opéra de Paris, et Françoise Fabian au cinéma, merveilleuse interprète des films de Rohmer, entre autres.
Les représentations de ces spectacles ont pour décor l’Opéra , situé face au square Bresson, et tout à côté d’un café fort réputé : le Tantonville.
Les classes de danse de Melle KETT, et de Mona Gaillard, maîtresse de ballet de l’Opéra participent aussi, bien sûr, à ces auditions. La répétitrice de piano Marthe Villalonga, fera par la suite une très belle carrière, dans un mode certes différent : le théâtre et le cinéma.
Quelques noms parmi les jeunes comédiens issus de ces classes et qui ont poursuivi leur carrière de façons diverses :
Marie Thérèse Arêne – Théâtre
Christian Azzopardi – Co-directeur du Théâtre du Palais Royal, à Paris
Nadège Blanc – Théâtre
Bernard Callais – Théâtre – Rôle de Jésus dans la comédie musicale «Godspell»
Madeleine Debras – Radio et Télévision
Françoise Fabian (déjà citée)
Jean-Claude de Goros – Théâtre – Cinéma
Jacques Guimet - Auteur – Metteur en scène
Gilbert Guiraud - Comédie Française
Irène Lamberton – Professeur d’art dramatique au Conservatoire de Marseille
André Lesage - Radio Alger
Lucien Layani – Théâtre – Cinéma
André Limoges - Réalisateur
Jean Magnan – Acteur – Auteur
Serge Merlin - Comédien – Metteur en scène
Francis Nani - Co-directeur du Théâtre du Palais Royal, à Paris
Jean Négroni – Théâtre – Cinéma
Jean-Jacques Oliviero – Radio-France
Hélène Rambert - Télévision
Marthe Villalonga – Théâtre – Cinéma – Télévision
Yves Vincent – Cinéma
Suzanne Viennet – Radio Alger
Nicole Wagner - Auteur
Quel que soit le parcours qu’ils ont suivi par la suite tous ont gardé la marque de ces années de formation, et le souvenir des ces trois professeurs si différents et si exceptionnels.

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Bonjour,
arrivée en France en 1962, à l’âge de 13 ans, j’ai atterri au Mans.
Deux ans après, j’ai souhaité prendre des cours d’art dramatique. Et la prof était… Reine MARODON ! Elle a été formidable, et a commencé par me faire perdre mon accent.